Dans un monde marqué par les incertitudes, la vérité devient une ressource précieuse, et pourtant de plus en plus fragile. Lorsqu’elle vacille, ce sont les repères collectifs qui s’effritent. La capacité à comprendre, à juger, à décider en conscience s’émousse. Et avec elle, s’effondre l’idée même de confiance.
La désinformation ne crie pas toujours. Elle infiltre. Elle s’installe dans les interstices du quotidien, façonne les perceptions, redessine le réel au profit de récits construits. Ce qui devrait éclairer finit par obscurcir. Ce qui devrait rassembler fragmente.
Les sociétés les plus exposées sont celles dont les équilibres restent précaires. Là où les attentes sont fortes, où les modèles économiques sont sous pression, où la parole publique peine à convaincre, l’information devient un champ de bataille. Non pas de débats contradictoires, mais de stratégies de diversion.
Dans ce contexte, les technologies de l’information ne sont plus neutres. Elles structurent les regards, hiérarchisent les priorités, créent les conditions d’adhésion ou de rejet. Elles peuvent amplifier la confusion ou restaurer la clarté. Elles peuvent isoler ou relier.
Face à ce pouvoir, un autre usage est possible. Il repose sur des choix clairs : concevoir des outils qui encouragent l’analyse plutôt que l’émotion brute, rétablir des espaces où la nuance n’est pas un défaut, valoriser la lenteur critique comme une forme de maturité. Il s’agit aussi d’ancrer très tôt une culture de la vigilance, de la lecture fine, de la responsabilité partagée. Car l’information n’est pas qu’un flux. Elle est aussi un socle.
Sur le continent africain, l’enjeu est d’autant plus fort que la jeunesse façonne dès aujourd’hui les pratiques de demain. Là où les institutions restent en chantier, l’imaginaire collectif devient un terrain stratégique. Et sans repères solides, même les intentions les plus sincères peuvent se perdre.
Aucune transformation durable ne se construit sur la confusion. Il faut des fondations solides, et la vérité en fait partie. Non pas une vérité figée, imposée, mais une exigence de rigueur, de transparence, d’intégrité.
Éclairer sans manipuler. Nommer sans déformer. Rendre lisible ce qui compte. Voilà ce que le numérique peut apporter, s’il est conçu et porté avec conscience.
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