Pourquoi l’Afrique doit investir dans l’innovation technologique souveraine

Et si la souveraineté africaine passait moins par les frontières que par la capacité à innover, concevoir et produire localement nos propres solutions technologiques ?
Dans un monde où la géopolitique est de plus en plus technologique, l’Afrique ne peut plus se permettre d’être simple consommatrice de technologies pensées ailleurs, pour d’autres contextes, avec d’autres priorités.

Une urgence géostratégique

Aujourd’hui, chaque ligne de code, chaque satellite lancé, chaque puce produite, chaque plateforme utilisée, est un instrument de pouvoir. Derrière les outils numériques que nous utilisons quotidiennement — réseaux sociaux, moteurs de recherche, services de paiement — il y a des choix politiques, économiques et culturels.
Et ces choix, nous ne les faisons pas.

En tant qu’Africains, notre dépendance technologique structure notre dépendance économique, limite notre souveraineté, et nous rend vulnérables à des logiques qui ne sont pas les nôtres. Nous devons donc agir. Et vite.

L’innovation n’est pas un luxe, mais une nécessité

Certains pensent encore que l’innovation est un luxe réservé aux pays riches. Je pense exactement le contraire. C’est parce que nous faisons face à des défis majeurs — accès à l’énergie, à l’eau, à la santé, à l’éducation — que nous devons innover.
Mais pas n’importe comment.

L’Afrique doit cesser de courir après les tendances mondiales pour enfin oser penser et produire pour elle-même. L’innovation ne doit pas être une copie maladroite de ce qui se fait ailleurs, mais une réponse intelligente à nos réalités locales.

Et cela suppose un changement de paradigme. Former autrement. Financer autrement. Concevoir autrement. C’est tout un écosystème qu’il faut bâtir.

La souveraineté technologique, levier de dignité

Maîtriser nos propres outils technologiques, c’est refuser d’être à la merci de décisions prises à l’autre bout du monde. C’est protéger nos données, nos citoyens, nos entreprises.
C’est garantir que nos choix numériques ne deviennent pas des chaînes invisibles.

C’est aussi une question de dignité.
Parce qu’un continent qui ne maîtrise pas ses outils ne maîtrise pas son destin.

Nous devons donc investir massivement dans la recherche, dans les startups, dans les infrastructures critiques, dans la fabrication locale — et surtout, dans la jeunesse.

Une responsabilité collective

La souveraineté technologique de l’Afrique ne se décrète pas, elle se construit.
Et elle ne repose pas sur une seule institution, ni un seul pays, ni une seule entreprise.

Elle repose sur nous tous.
Les États doivent mettre en place des politiques volontaristes.
Le secteur privé doit prendre des risques.
La diaspora doit s’impliquer concrètement.
Les universités doivent sortir de leurs tours d’ivoire.
Et la jeunesse doit oser entreprendre, innover, hacker le futur.


« L’Afrique ne sera respectée que lorsqu’elle sera capable de produire ses propres technologies, avec ses propres standards. »

Ce n’est ni un rêve lointain, ni un slogan politique.
C’est une nécessité historique.
Et c’est entre nos mains.


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