Mesdames et Messieurs,
Vous vous en doutez, cette 5e cérémonie de remise des prix aux lauréats MAMAS est émotionnellement différente des précédentes éditions. Mon alter ego, cet autre moi-même, la lumière de ma vie, bâtisseuse parmi les bâtisseurs, Awa, ma chère Eve, mon épouse, a été rappelée à Dieu, le 30 mai 2021, dans la fleur de l’âge à 5 semaines de son 37e anniversaire. Nos destins étaient mêlés en tout, en particulier autour de la conception de Tuwindi, une appellation liée à Eve, signifiant dans sa langue maternelle, le soninké, faire savoir.
Certes, administrativement, je suis le premier responsable de Tuwindi, mais, dans les faits, tout ce que nous entreprenions était marqué du sceau créateur de Eve, discrètement, sobrement mais si efficacement. Elle était l’ombre de mon ombre, ou vice-versa ; elle était la source intarissable de nos initiatives. Alors, je suis certain que vous comprenez que je puisse lui rendre hommage en votre nom et au mien aussi.
Eve, ma chère et tendre Eve, tu sais que je sais que tu es là, parmi nous, en train de m’écouter malicieusement, un tantinet, moqueuse, mais fébrile, convaincue que je n’affectionne pas les discours. Eve, tu fais partie de moi depuis ce 30 mai 2013 où nous avons scellé notre pacte d’amitié quand nous avons accepté de nous unir pour le meilleur et pour le pire. Tu fais et tu feras toujours partie de moi. Je le voudrais que je ne pourrais jamais t’oublier. Et comme tu l’as toujours fait, tu m’aideras à reprendre goût à la vie, à retrouver un sens à mon existence, car je sais que tu ne voudrais pas que je sois malheureux. Je te fais le serment devant tous nos amis, de me battre pour toi, avec toi pour tous les idéaux qui nous ont soudés, l’amour du prochain, l’amour du Mali, l’amour de nos enfants. Ta constante sécurité affective sera mon viatique inépuisable. Dors en paix, ma colombe blanche !
Oui, c’est dur, très dur. Mais, chers amis, au nom de Hawa, tenons bon, continuons notre modeste mission au service de nos semblables qui en ont tant besoin. Et, comme disent les Anglo-saxons, “the show must go one” ! Oui, la vie continue car telle est la volonté divine.
Être au service des autres en toutes circonstances, avec dévouement et détermination, c’était notre vœu le plus profond, de Eve et de moi-même. C’est bien là, me semble-t-il, la véritable vocation, la raison d’être de nous tous, vous ici, et tous nos compatriotes, par de-là tous les agendas personnels, liés par le devoir sacré de servir le Mali. Bien sûr, il faut bien vivre des fruits de nos labeurs. Mais, la plus exaltante des ambitions, c’est aussi d’être au service de notre société, expression suprême de notre commune volonté de bâtir ensemble ce pays. Je lance un message pressant qui me taraude, celui d’agir avec détermination pour édifier une société juste où le bonheur pour tous ne restera pas une intention stérile. Il est primordial que notre conscience agissante soit mobilisée pour le bien public. Ce cri de cœur m’est inspiré par le spectacle désolant du désintérêt de plus en plus affligeant pour le bien commun de la société qui s’étale sous nos yeux. Hélas !
Agir pour le bien public, le préserver, le faire prospérer ne doit pas, ne peut pas être l’apanage des seuls pouvoirs publics. Oui, ceux-ci ont le devoir d’assumer leurs responsabilités, toutes leurs responsabilités régaliennes pour mettre en valeur les immenses potentialités dont recèle notre grand pays, le Mali. Mais, force est de constater que la bonne gouvernance a été souvent gravement mise à mal chez nous. Notre peuple, si laborieux, qui ne demande qu’à être mobilisé pour bâtir une société où il fait bon vivre, assiste, malheureux et impuissant, au gaspillage éhonté de nos ressources au profit de quelques individus, minorité rapace, du secteur public mais aussi du secteur privé, qui n’ont cure de l’intérêt général.
J’estime sincèrement que cela doit cesser impérativement. La mal gouvernance, la désinvolture et le laisser-aller dans la conduite des affaires publiques, engendrent inéluctablement l’irresponsabilité généralisée. Les valeurs positives, sans lesquelles une nation ne peut prétendre aspirer décemment à l’émergence, ont pour noms, justice équitable, solidarité, dialogue dans la sincérité et la vérité, respect des droits humains et solidarité agissante, qui, toutes, ne sont rien d’autres que l’expression achevée de l’amour.
Insidieusement, notre société glisse vers l’incivisme notoire, l’absence manifeste de la morale et de l’éthique dans les comportements de tous les jours, l’égoïsme et la haine, le travail bâclé, l’irresponsabilité, l’agressivité dans les rapports interpersonnels, et j’en passe, le tout favorisé par une pratique systémique de la corruption dans tous les secteurs de la vie. Avouons que cela ne peut pas et ne doit pas perdurer plus que ça. Il est de notre devoir moral de citoyen de tirer la sonnette d’alarme.
J’exhorte donc nos lauréats actuels, anciens et futurs ; j’interpelle tous les amis ici présents ; j’en appelle à la conscience de tous les Maliens qui qu’ils soient, de se ressaisir pour prendre conscience du danger et agir pour l’avènement d’un Mali nouveau appelé à se développer à partir des valeurs positives évoquées tantôt, valeurs sans lesquelles rien de grand et de durable ne peut se réaliser pour le bien-être de tous les Maliens, plus spécifiquement des générations futures.
Mesdames et Messieurs, je voudrais, avant de conclure, exprimer notre profonde gratitude envers tous nos partenaires. Une mention spéciale à Free Press Unlimited qui, depuis cinq ans, est inlassablement à nos côtés. Je lui associe nos autres inconditionnels compagnons, la Haute Autorité de la Communication, la Maison de la Presse, l’Union des Radios et Télévisions Libres du Mali, l’Association Malienne des Professionnels de la Presse en Ligne.
Parmi nos autres fidèles partenaires, qui nous eu cesse de nous soutenir, je voudrais citer le Programme des Nations Unies pour le Développement, l’Union Européenne, la Fondation Friedrich Ebert et l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Mali.
Bien entendu, je m’en voudrais de ne pas rendre hommage à nos éminents membres du jury pour la constance de leur engagement, à toute l’équipe de collaborateurs de la famille Tuwindi avec à sa tête l’infatigable Yagaré Diakité.
Je vous remercie !
Bamako, 21 août 2021 / Discours de Tidiani Togola à la remise des MaMA 2021
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